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mise en ligne le 25 décembre 2004

 Je présente ci-dessous le projet d'introduction d'un chien dans un hôpital parisien. Ce texte m'a été adressé par Monsieur Patrick Javel, cadre de santé à l'hôpital Bretonneau.

Adresse de l'auteur du texte : patrick.javel@brt.ap-hop-paris.fr

 

PROJET D’INTRODUCTION D’UN CHIEN D’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL A L’HOPITAL BRETONNEAU

 

 

 

PRESENTATION DE L’ETABLISSEMENT :

 

L’hôpital Bretonneau fait partie de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris. Situé dans le dix-huitième arrondissement de Paris, cet établissement a pour mission de participer d’une manière innovante à la mission de santé publique pour le grand âge. En effet, dans le 17ème et 18ème arrondissement vivent 30 000 personnes de plus de 75 ans, dont 9 000 de plus de 85 ans.

 L’hôpital Bretonneau a ouvert ses portes en Juillet 2001. Il comporte 235 lits : 2 hôpitaux de jour de 15 places, 8 lits de soins palliatifs, 92 lits de médecine, soins de suite et réadaptation, 105 lits de gériatrie. 6 maisonnées sur 14 et un hôpital de jour sont consacrés à la psychogériatrie.

Les équipes mobiles pluridisciplinaires, l’Hospitalisation à domicile (HAD), collaborent avec les infirmières et les médecins libéraux, pour favoriser le maintien à domicile des personnes âgées.

L’hôpital abrite également un centre de formation et de recherche gérontologique.

 De construction contemporaine, il conjugue une esthétique moderne avec celle des bâtiments traditionnels du quartier historique de Montmartre. Il allie la convivialité d’un lieu de vie et la technicité spécifique de soins au grand âge.

 Les lieux de vie sont les maisonnées. Au cœur de la maisonnée, un salon salle à manger et le poste de soins. Autour, les chambres. Chacune des maisonnées est décorée d’objets, de meubles familiers, de peintures montmartroises, et s’ouvre sur des jardins, des patios, des terrasses, avec leurs arbres fruitiers, leurs fleurs de saisons et plantes aromatiques, avec non loin une fontaine… L’hôpital est un espace de couleurs et de senteurs.

On y trouve également une rue intérieure qui est un lieu d’animation, un espace de rencontres. Avec son « bistrot », ses boutiques, son restaurant, sa médiathèque, son atelier de peinture, sa salle de spectacle, son oratoire. On y trouve également des jeux pour les enfants et la crèche des enfants du personnel, ce qui favorise les échanges inter-générations.

 Dans cette hôpital ouvert vers la ville, la place des familles et des proches est prépondérante.

 L’objectif est ici de transformer l’hôpital en un lieu familier où il fait bon vivre et se faire soigner. C’est d’ailleurs tout le propos du projet de soins.

 

GENESE DU PROJET :

 

Le projet d’introduction d’un chien d’accompagnement social a ceci de remarquable à Bretonneau qu’il a pris naissance en même temps que l’ensemble du projet de création de l’hôpital lui-même.

Ce projet fait donc totalement partie prenante du projet global. Il a eu la chance d’être soutenu par la responsable du projet elle-même : Mme Lesage, Directrice de l’hôpital Bretonneau. La visite de sites acceptant les animaux ayant confirmé sa conviction qu’un projet de vie ne pouvait se concevoir sans la présence d’animaux familiers. Il a donc été décidé d’accueillir des lapins, de créer une volière et ce dans les jardins de l’hôpital. Deux aquariums sont également prévus.

Le projet le plus ambitieux consiste dans le fait d’accueillir un chien d’accompagnement social. Ce projet a été mis en attente dans la période d’ouverture de l’hôpital. La difficulté a été de trouver un volontaire pour être référent du chien, parmi le personnel. En effet, pour des raisons d’organisation et pour favoriser un meilleur équilibre du chien il a été décidé que le chien ne résiderait pas à l’hôpital comme cela peut se faire dans certaines structures d’accueil pour personnes âgées.

En cela le projet s’inspire plus des expériences de l’hôpital de la Croix-Rouge des Charmettes à Lyon, ou encore de l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif. Le chien étant attribué à un « maître-référent ».

 Le  projet a été réactivé à l’arrivée de Mr Javel, cadre infirmier responsable des unités de long séjour et de l’unité de soins palliatifs. Ce dernier ayant déjà conçu l’idée d’initier un tel projet avant son arrivée à Bretonneau, il s’est naturellement porté volontaire pour le mener à bien et devenir ainsi le « détenteur » du chien. L’ANECAH (Association Nationale d’Education des Chiens d’Assistance aux Handicapés) demeure le propriétaire du chien qu’elle confie à vie au détenteur, sous réserve d’un bon traitement du chien.

 

LE PROJET :

 

Ce projet s’inscrit dans le projet de soins de l’Hôpital. Ce dernier se résume en quatre verbes : Vivre, Soigner, Accompagner et Partager. On comprendra aisément que le projet d’avoir recours à un chien d’accompagnement social symbolise parfaitement ces quatre dimensions :

 

VIVRE :

 

Le grand âge et son cortège de maux contraint souvent les personnes âgées à être hospitalisées. Les plus chanceuses s’en retourneront chez elles, d’autres devront vivre dans des institutions spécialisées ou, pour les plus dépendantes, devront rester à l’hôpital dans des services de soins de longue durée. Dans tous les cas de figure, l’hospitalisation est vécue comme une véritable fracture, un traumatisme. Ceci pouvant même contribuer à l’aggravation de l’état général de la personne âgée.

 Les professionnels de la santé ont depuis quelques années pris pleinement conscience de ce problème. Ils ont donc cherché à en diminuer les effets. C’est pourquoi le projet de l’hôpital Bretonneau a d’abord été conçu comme un projet de vie. Concrètement, les équipes soignantes agissent en partenariat avec les proches, à l’écoute de la personne hospitalisée pour veiller à la préservation de son désir, pour favoriser son autonomie, c’est-à-dire son pouvoir de décision et d’action.

En France, « le pourcentage de résidants en institutions, vivant avec leur animal de compagnie est faible (étude réalisée par l’AFIRAC et l’ADHEPA). Alors que l’animal est partie prenante de la vie quotidienne des français (52 % des foyers ont un chien ou un chat).

Beaucoup de personnes âgées ne s’interrogent pas vis à vis de son absence dans les institutions. Elles n’imaginent pas qu’il soit possible de garder un animal de compagnie dans les institutions. Elles n’osent pas poser la question lors de leur admission. Le décès de l’animal, le placement dans leur famille ou bien l’euthanasie sont les solutions les plus fréquentes. »

Si certaines structures non médicalisées autorisent désormais les personnes âgées à garder leur animal de compagnie durant leur séjour dans l’institution, elles sont néanmoins encore minoritaires.

En ce qui concerne l’hôpital Bretonneau, le règlement hospitalier ne permet pas aux patients de garder leur animal pendant leur hospitalisation.

Cependant les visites sont autorisées et tout est fait pour trouver une solution au problème de garde du compagnon durant l’hospitalisation.

         L’introduction d’un chien d’accompagnement social au sein de Bretonneau a donc, entre autre vocation, de pallier à ce droit et à ce besoin. En cela, l’animal satisfait les besoins affectifs vitaux et donc participe à l’amélioration de la qualité de vie. Fragilisée, la personne âgée recherche un soutien, même celui d’un animal.

Des études montrent, si tant est qu’il fût nécessaire de le démontrer, que le chien conforte notre besoin de sécurité. En outre, il est vecteur d’échanges et potentialise la capacité de relation à autrui. « Or le sens de la vie est lié en partie aux relations que chacun a avec ses semblables » (E.Adam, la personne âgée et ses besoins »).

Enfin, le chien d’accompagnement peut satisfaire à deux besoins de bases de l’être humain : le besoin d’aimer et d’être aimé ainsi que le besoin de se sentir utile, que l’on vaut quelque chose pour soi-même et pour les autres.

 Cette relation homme/animal « permet de lutter contre la dépersonnalisation de l’individu liée au caractère même des locaux institutionnalisés » (J.L Vuillemenot et al. La personne âgée et son animal).

Pour finir, on peut dire que l’animal est source d’imprévu et de spontanéité dans la vie très réglée de l’hôpital. A travers des animations de groupe, il divertit, autorise l’expression du rire et d’un esprit ludique.

 Par ailleurs, l’animal peut faciliter le contact du clinicien et du personnel soignant avec les patients. L’animal devient alors un aide à la thérapie.

 

SOIGNER :

 

A l’hôpital Bretonneau le projet de vie des patients est au centre de nos préoccupations. Néanmoins, nous n’en oublions pas pour autant notre mission première qui consiste à  soigner.

 Cette dimension est naturellement omniprésente mais discrète. Elle sait se faire oublier du patient pour être encore plus efficace. Ainsi, toutes les animations proposées ont une dimension thérapeutique qui donne lieu à une véritable démarche de soins pluridisciplinaire, évaluée et réajustée régulièrement.

C’est pourquoi nous avons fait le choix d’accueillir un chien d’accompagnement social, formé par l’ANECAH. Ces chiens apportent de nombreuses garanties de succès dans une utilisation thérapeutique. La sélection et la formation sérieuse de l’ANECAH donnent aux chiens d’assistance toutes les qualités requises pour ce travail de « thérapie facilitée par l’animal » (TFA).

L’hôpital Bretonneau, à travers Mr Javel, se propose d’ailleurs de contribuer au développement des connaissances dans ce domaine, en partenariat avec l’ANECAH et l’AFIRAC (Association Française d’Information et de Recherche sur l’Animal de Compagnie).  « La thérapie facilitée par l’animal est l’intervention contrôlée de l’animal dans l’accompagnement de diverses pathologies et l’intégration de la relation homme-animal dans un programme thérapeutique pour accélérer et favoriser le développement de celui-ci ».

« La TFA entretient certaines fonctions humaines aux plans physique, social, émotionnel et cognitif. Elle est dirigée par un professionnel des services sociaux ou de la santé ayant reçu une formation appropriée et dans le cadre de sa pratique professionnelle. La TFA est assurée dans différents cadres, en groupe ou à titre individuel. Ce processus est dûment documenté et évalué. La TFA est aussi appelée TAA, Thérapie Assistée par l’Animal » (AFIRAC).

Bien que la recherche dans ce domaine en soit encore à ses débuts, certaines études menées en majorité dans les pays anglo-saxons valident les bénéfices de la thérapie assistée par l’animal.

Les bénéfices sont multiples : diminution de l’incidence des problèmes mineurs de santé (de l’ordre de 50 %), réduction de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque chez les patients hypertendus, incidence modératrice du stress, accroissement de l’activité physique, avec une incidence sur la survie des patients atteints d’affections coronariennes et une diminution de la fréquence des fractures du col du fémur.

Outre les bénéfices physiques, de nombreux bénéfices psychologiques ont été mis en lumière : source de relaxation, la compagnie d’un animal familier a un impact sur l’anxiété et la dépression (en atténuant le sentiment de solitude et en renforçant un sentiment de sécurité).

Les champs d’applications sont nombreux en ce qui concerne la réadaptation des troubles fonctionnels (kinésithérapie, psychomotricité, orthophonie) ; mais aussi dans le traitement des troubles du comportement. Par exemple, chez les patients souffrant de la maladie d’Alzheimer, la présence animale peut servir au travail de la mémoire, à maintenir les capacités d’attention et à accroître les phénomènes de communication. Pour les personnes atteintes de sénilité, l’animal comble la situation d’isolement.

 

ACCOMPAGNER :

 

Accompagner un personne âgée, c’est être à ses côtés, en suivant son rythme, sur le chemin qu’elle choisit de prendre. En tant que soignants nous nous essayons à cette pratique qui demande beaucoup d’attention, d’écoute et d’humilité.

 Comment ne pas être encore une fois, frappé par l’évident symbole que représente la présence du chien, marchant au pas, attentif au moindre fait et geste de son maître ? On le voit de nouveau, le projet d’introduction d’un chien d’accompagnement s’inscrit en droite ligne dans le projet de soins de l’hôpital Bretonneau.

 Ce chien accompagnera les personnes âgées tout au long de leur séjour à l’hôpital, tout au long de leur convalescence jusqu’à leur rétablissement, mais aussi pour certains d’entre eux, jusqu’à leur derniers jours.

Le « fidèle compagnon » sera alors présent, accompagnant en cela les soignants dans leur tâche. « L’animal est un accompagnateur situé au croisement du social, du psychique et du somatique de l’homme » dit le psychiatre Jean-Paul Richier. 

 

PARTAGER :

 

Le partage est au centre de toute vie sociale. Le chien joue, dans ce domaine,  un rôle de catalyseur. Il devient vecteur de communication dans l’environnement des personnes âgées.

On sait, en effet, que l’animal facilite les relations entre les personnes âgées au sein de la collectivité, mais aussi entre d’une part les résidents et d’autre part leurs proches et les professionnels.

Des animations autour du chien créeront une ambiance détendue et conviviale.

Le choix d’un chien éduqué par l’ANECAH se justifie entre autres dans cette dimension sociale. En effet, ces chiens ont depuis leur plus jeune âge été confrontés à toutes les situations de la vie quotidienne. Ils sont donc capables de tenir leur rôle d’assistance en toutes circonstances et en tout lieu. 

 

Les Différents partenaires du projet :

 

L’ANECAH :

 

L’association nationale d’éducation des chiens d’assistance pour handicapés est une association sans but lucratif créée en 1989.

Sa mission essentielle consiste à former des chiens qui assistent dans leur vie quotidienne des personnes en fauteuil roulant. Les chiens sont éduqués pendant deux ans et remis à leur nouveau référent à l’issue d’un stage de deux semaines.

L’ANECAH reste propriétaire du chien. A ce titre, elle garde un droit de regard sur l’utilisation et le traitement réservé au chien. Pour ce faire, l’association procède à un suivi régulier. Cette évaluation s’effectue sous forme d’entretiens téléphoniques, d’écrits, mais aussi de visites d’un éducateur référent. Les frais sont à la charge de l’institution.

 

Le Référent :

 

Le référent désigné pour le projet Bretonneau sera donc Mr Javel, cadre infirmier. Cette désignation s’est faite sur la base du volontariat. Mr Javel ayant déjà, avant sa venue à Bretonneau, réfléchi à un tel projet.

 Référent-détenteur du chien, il sera seul responsable du chien et aura pour mission transversale de mener à bien le projet de chien d’accompagnement social au sein de l’hôpital.

 Mr Javel s’engage au préalable à suivre la formation proposée par l’ANECAH.

Le choix a donc été fait que le chien vivrait au domicile de Mr Javel, l’accompagnant quotidiennement dans les transports pour venir « travailler » à Bretonneau. Ce choix a été fait pour des raisons logistiques et d’organisation au sein de l’hôpital, mais aussi parce que cela nous paraissait préférable pour la santé et l’équilibre affectif du chien.

Ainsi, durant les jours de repos, les week-ends et les vacances, le chien restera avec son maître au domicile de celui-ci.

 

Les lieux de vie du chien :

 

« La résidence principale » du chien sera donc le domicile de Mr Javel. Le chien vivra dans une maison ancienne, avec un grand jardin clôturé, au cœur d’un village du Vexin français, entouré de verdure. Un espace réservé à son couchage lui sera désigné dans le salon.

Au travail, le chien suivra son maître dans ses différentes « pérégrinations ». Il sera donc amené à rencontrer l’ensemble des patients de l’hôpital, mais principalement ceux du long séjour et des soins palliatifs,  services dont Mr Javel est responsable.

 Des interventions spécifiques seront planifiées en groupe ou individuellement, selon les besoins des patients, sur proposition des équipes soignantes.

Des temps de repos seront planifiés régulièrement. Un espace où le chien pourra se retirer pour plus de tranquillité sera aménagé dans le bureau du cadre du troisième étage (au niveau de la maisonnée Monet, Unité de soins palliatifs).

 

Les soins et la sécurité :

 

Les soins seront assurés par Mr Javel. En tant que détenteur du chien, il en assumera la responsabilité morale et civile (assurance privée) ainsi que les frais quotidiens (alimentaires, d’hygiène, de toilettage, de transport et de soins).

En ce qui concerne l’alimentation, le régime introduit par l’ANECAH sera poursuivi, à savoir une alimentation industrielle (croquettes).

Le référent sera très attentif à éviter les prises d’aliments que les personnes âgées ne manqueront pas de proposer au chien. Une information préalable et des rappels permanents pour les patients ayant des troubles de la mémoire seront assurés auprès des usagers et de leur proches. Les risques de suralimentation seront limités du fait que le chien sera de toutes façons le plus souvent en présence de son maître.

Néanmoins, une certaine liberté de mouvement sera possible voire souhaitable. Dans ce cas, l’ensemble des soignants, sensibilisés au problème seront vigilants. Le chien sera pesé une fois par mois.

Par ailleurs des moments de détente, de jeux et d’exercice seront planifiés pour préserver l’équilibre du chien. Le rythme prévu est d’une sortie toutes les deux heures au minimum, soit 4 à 5 par jour. Ceci dans un espace clos. Tous les espaces verts au sein de l’hôpital sont clos.

 On choisira principalement le patio de rééducation. L’animal pourra également y assouvir ses besoins naturels. En précisant qu’il sera sollicité pour le faire avant et après sa journée de travail. Dans le cas contraire, à charge pour Mr Javel de respecter les règles d’hygiène prévues en annexes et validées par le CLIN (Comité de Lutte contre les Infections nosocomiales).

Le toilettage du chien sera donc effectué par Mr Javel. L’animal sera brossé matin et soir, quotidiennement pour satisfaire aux consignes d’hygiène hospitalière. Un toilettage annuel sera fait par un professionnel. Les soins auriculaires une fois par semaine.

Un suivi vétérinaire sera effectué, avec au moins deux visites par an (surveillance de l’état général, du poids, rappels des vaccinations, vermifugations semestrielles, absence de maladies contagieuses comme la gale ou la teigne, traitements antiparasitaires externes, etc…). Quatre bains par an. Les jours de pluie, les pattes du chien seront rincées et essuyées avant que ce dernier n’ait accès aux unités d’hospitalisations.

 

Les activités prévues :

 

Les activités seront adaptées en fonction des besoins des patients et des objectifs thérapeutiques définis par les équipes soignantes. Elles seront de deux ordres : individuelles et collectives. Pour mieux cerner les objectifs et en évaluer les effets sur le patient et sur le comportement du chien, une fiche de soins et d’observation a été élaborée (c.f annexes).

         Certaines activités sont déjà envisagées mais beaucoup restent à inventer.

Le champ de la TFA est encore de l’ordre de la recherche. Le patient et le chien pouvant tout à fait intuitivement établir des modalités de relation originales. Les soignants devront donc avec l’aide de Mr Javel faire preuve de créativité et de réactivité.

 

Quelques exemples d’activités :

 

Le chien peut être utilisé pour stimuler un patient à la marche. En allant promener le chien, le patient conserve une activité motrice, cela lui donne un but pour la marche, en réduisant le sentiment de déambulation, d’errements. Le patient a de plus le sentiment d’être utile et responsable. Cela permet d’assurer un programme de maintien de la motricité, sans avoir à mobiliser le temps des kinésithérapeutes qui serait vite phagocyté par cet activité.

Ce travail sera donc effectué en collaboration avec le kiné, les objectifs posés par ce dernier après une prescription de kiné motrice.

L’utilisation de la TFA ne nécessite pas en soi de prescription médicale. C’est un moyen, un support utilisé par les soignants, choisi par eux en fonction des objectifs posés et discutés avec les médecins.

D’autres utilisations peuvent être faites par les kinésithérapeutes et les ergothérapeutes : le rapport d’objets par le chien, le fait de l’inciter à tirer sur un cordon, demander à un patient d’effectuer le brossage du chien,  sont autant de gestes qui peuvent potentialiser la dextérité et donc la rééducation, pour un patient hémiplégique par exemple (d’autant plus si le chien se présente du côté déficient).

On peut imaginer l’utilisation du chien pour des parcours de marche, pour une reprise de la marche après une chute. La présence du chien pouvant rassurer le patient ou le divertir de sa peur de reprendre la marche. Ce qui est un symptôme traumatique fréquent après des chutes chez les personnes âgées.

L’orthophoniste peut travailler sur la réappropriation de la parole, pour des patients hémiplégiques. En effet, pour pouvoir être compris et obéi du chien, le patient fera des efforts de prononciation.

 On peut également imaginer un travail en collaboration avec une psychomotricienne portant sur la mémoire affective chez des patients ayant eu des chiens durant leur existence.

Ce travail sur la mémoire peut être plus spécifiquement proposé à des patients atteints par la maladie d’Alzeihmer. Ceci peut aller de la mémorisation du nom du chien, d’ordres, des rendez-vous prévus avec lui, jusqu’à l’organisation de jeux ou l’on demande au chien de rapporter des objets, ou encore où l’on demande aux patients de mémoriser des objets cachés dans le sac du chien, ou de citer les différentes parties anatomiques du chien.

 Pour les patients à un stade avancé de la maladie, la seule présence du chien peut être un facteur de stimulation efficace au maintien de l’attention.

Par ailleurs, le chien sera utilisé auprès de patients anxieux, angoissés. Son effet calmant et sécurisant ayant été déjà cité dans la littérature. Il nous paraît intéressant de développer cet utilisation dans l’unité de soins palliatifs, auprès des patients en fin de vie. La réaction du chien face aux patients douloureux étant également une piste de recherche à développer.

Enfin le travail auprès d’un patient replié sur lui-même, isolé socialement, peut progressivement l’inciter à intégrer un groupe d’animation avec le chien et donc contribuer à une resocialisation de la personne âgée.

On le voit les possibilités sont multiples.

 

L’ emploi du temps du chien :

 

L’emploi du temps du chien sera donc calqué sur celui de Mr Javel. Ce dernier adaptant son planning aux différentes prise en charge demandées dans le cadre de la TFA, ainsi que pour les moments de détente de l’animal.

Dans une phase ultérieure, des plages d’animations de groupes seront définies en concertation avec les différents services de l’hôpital.

 

Programme de développement du projet :

 

Après la période de stage effectué avec l’ANECAH, un temps sera laissé au chien pour s’habituer à son nouveau domicile et à son nouveau maître. Mr Javel prendra donc à la suite du stage, des congés pour faciliter le travail de fixation affective du chien.

Ensuite, une phase de familiarisation et de découverte de trois mois sera planifiée. Il nous paraît important d’accorder ce temps, pour permettre au chien de s’habituer à l’institution mais aussi pour laisser à son nouveau maître le temps d’observer le comportement du chien et de parfaire la maîtrise de l’animal.

Ce temps permettra également aux patients, aux familles, et aux soignants de s’habituer à la présence de l’animal. Ceci permettra des échanges, de parfaire l’information de tous les protagonistes.

Il permettra également d’identifier les patients qui réagissent de façon très positive à la présence du chien ou bien ceux qui en ont peur.

 Certaines interventions d’assistance thérapeutiques, individuelles et ponctuelles avec les différents soignants serviront d’expérimentation, facilitant ainsi la collaboration entre les professionnels et le binôme chien-référent.

Les soignants intéressés par une co-animation de groupes avec le chien seront identifiés puis sollicités.

Un premier bilan sera fait par Mr Javel a ce stade.

 

L’étape suivante consistera à mettre en place de réels suivis thérapeutiques individuels avec les soignants et en tout premier lieu avec les rééducateurs.

 Un groupe de travail constitué de volontaires sera crée. En premier lieu, une formation leur sera proposée concernant les bases de l’éducation canine, les ordres de bases auxquels le chien aura été habitué, et enfin la définition de la TFA (Thérapie Facilitée par l’Animal).

A l’issue de cette formation, des animations de groupes seront construites, testées, évaluées puis proposées régulièrement aux résidents.

 Une évaluation annuelle, faite par le groupe, coordonné par Mr Javel, donnera lieu à l’élaboration d’un rapport qui sera présenté à la direction de l’hôpital, à l’ANECAH et éventuellement transmis à l’AFIRAC.


 

ANNEXE 1

 

Chien d’accompagnement et hygiène hospitalière :

 

L’association peut surprendre. En effet, la présence des animaux dans les structures hospitalières est encore très marginale. Cependant, la loi n°87-588 du 30 Juillet 1987 stipule que l’accès des lieux ouverts au public est autorisé aux chiens d’assistance.

La circulaire n°40 de Juillet 84 autorise la présence des chiens d’assistance dans les hôpitaux. Dans la pratique, la présence animale dépend des règles énoncées par le directeur de l’hôpital, après avis consultatif du conseil d’établissement.

En respectant certaines règles de bon sens, les risques d’infections nosocomiales ne sont pas significatifs. Certains hôpitaux étrangers mais aussi en France ont introduits des animaux domestiques dans leur enceinte. Le CHR de Nantes, ou l’hôpital des Charmettes de Lyon accueillent déjà des chiens d’accompagnement sociaux.

Bien sûr, l’accès est pour l’instant limité aux services accueillant des personnes âgées. Il serait encore prématuré d’envisager de les introduire dans des services d’infectiologie ou d’onco-hématologie, dans lesquels, les patients sont fréquemment immunodéprimés.

 Les personnes âgées ont en général un système immunitaire suffisamment efficient pour les protéger. La vieillesse n’étant pas une maladie en soi.

 A Bretonneau, tous les patients pourront bénéficiés du contact avec le chien d’accompagnement, sauf exception signalé par les médecins. On notera qu’il ne s’agira pas uniquement d’éviter les contacts pour d’éventuels patients immunodéprimés mais aussi pour les patients « infectés », porteurs de germes transmissibles.

 Il s’agira dans ce cas de protéger l’animal et de limiter les risques de transmissions « cani-portées ». Les patients à risque seront donc signalés.

 Mais il convient de relativiser ces risques. Le chien est moins dangereux que nous ne pouvons l’être pour la transmission des infections nosocomiales (avec nos manches non retroussées, ou encore nos mains mal lavées).

         Néanmoins, l’introduction d’un chien d’accompagnement à l’hôpital exige le respect de certaines précautions d’hygiène.

En premier lieu , le chien doit être suivi régulièrement par un vétérinaire : au moins deux visites par an. Le chien ayant pour son suivi un carnet de santé. Pour entrer à l’hôpital ses vaccinations doivent être à jour.

- Les vermifugations doivent être effectuées deux fois par an.

- Les traitements antiparasitaires externes doivent être régulièrement administrés.

- Le pelage est brossé régulièrement. Au minimum, une fois par jour, avant la visite dans l’hôpital. Et deux fois par jours pendant les périodes de mues. Les bains seront effectués une fois par trimestre.

 

-L’état bucco-dentaire sera évalué toutes les semaines. L’utilisation d’os permettant le détartrage, et le cas échéant le brossage des dents seront effectués par le référent.

 

- En ce qui concerne le léchage des mains des patients : il devra d’abord correspondre à un désir des patients, dans le cas contraire il sera évité. Il faudra le proscrire dans les cas ou les patients sont porteurs d’une pommade, ou d’une plaie.

- Les mains du patient devront être lavées après la visite du chien.

 

- Les yeux sont nettoyés tous les jours.

 

- Les oreilles quant à elles seront nettoyées une fois par semaine.

 

- Les sorties hygiéniques doivent être planifiées plusieurs fois par jours (4 à 5). Les chiens de l’ANECAH ayant été particulièrement bien éduqués à ce sujet. Ils sont capables de se retenir s’il en était besoin. Ils obéissent à un ordre les incitant à effectuer leurs besoins. Ainsi, le chien attribué par l’ANECAH, sera sollicité par son référent pour effectuer ses besoins avant et après sa journée de travail, à l’endroit habituel défini par son maître. Pour les circonstances d’exception, les déchets seront éliminés dans des sacs jaunes (infectieux) et directement éliminés dans le container, situé dans le local près du magasin au rez-de-chaussée.

 

- La circulation du chien sera limitée aux pièces communes.

 

- L’accès aux offices alimentaires, aux postes de soins est interdit. L’accès à la salle à manger est évité pendant les périodes de repas (surtout pour limiter les risques de suralimentation du chien).

 

- L’accès aux chambres des patients est conditionné par l’accord de ces derniers ainsi que par celui des médecins. Dans ce cas, le lit devra être protégé avec des serviettes ou des mouchoirs à usage unique pour permettre la pose des pattes lors des visites individuelles.

 

-   Les jours de pluie, les pattes du chien seront essuyées voire lavées avant que le chien n’ait accès aux unités d’hospitalisation.

 

 


 

ANNEXES 2

La feuille de soins et d’observation pour la TFA

Etiquette patient


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