mise à jour le 19 août 2007
Réponse polémique de l'auteur à un texte éditorial paru dans le bulletin d'information de la CGT du Centre Hospitalier d'Albi en mai 1999, comparant les services de personnes âgées à des lieux de punition : Cayenne, Alcatraz, Sing-Sing, goulag, etc.
Voici le texte de la CGT suivi de ma réponse parue au titre du droit de réponse dans le même bulletin.
Comment ternir l'image d'un service et lui donner un arrière goût de Cayenne (pas le piment... le bagne), Alcatraz ou Sing -Sing ?
Facile ! .... Faut tout faire pour que ça lui ressemble :
-1- Choisir de jeunes recrues qui mouftent pas ou des agents qui eux, justement, ont trop moufté...
-2- Affecter les gens sans entretien, sans critère de sélection, sans tenir compte des profils de poste, sans avis préalable de l'encadrement du dit service.
-3- Faire en sorte que cette affectation soit provisoire de manière qu'aucune vacance de poste ne paraisse, de peur que des gens réellement intéressés se manifestent
-4- Mettre en poste la personne choisie et l'y oublier
Vous me direz c'est cool ! si le service est du style "les Seychelles ou la Martinique " Ben non ! Pas de bol ! Ce serait plutôt du style Mapad - Long Séjour - Nuit - Buanderie - (complétez la liste s'il vous vient des idées).
Dans ces services pas besoin d'audit à 30 patates ou de 3 ans de formation - action qui coûte la peau du (-) pour savoir pourquoi on note une baisse de la motivation, C'est fait exprès ! Non, non, ça coûte juste 20 balles de cotisation par trimestre pour se payer le café qu'on boit souvent réchauffé because on bosse à 2 quand il y a du boulot pour 15.
Mais ça fait rien, heureusement que dans ces services règne une ambiance de franche camaraderie, on y vient tous les jours en trottinant main dans la main en chantant de gais refrains, nous permettant ainsi de travailler dans un quotidien de poésie, de chansons et de philosophie appliquée.
Bon allez, je vous laisse, faut que je fasse une demande de congés parce que j'ai une compétition de JOCARI ce week-end, et vu que je suis super balaise à ce jeu, parait qu'on me remplacera sans problème
Qu'est-ce qu'on chante aujourd'hui les copains ? Ah oui ! :
"C'est la vie de Château, pourvu que ça dure................"
Merci à la CGT du Centre Hospitalier d'Albi pour ce droit de
réponse. Le Vendredi 18 juin 1998, le Docteur Leroux décrivait
le service de Long Séjour de Saint-Nazaire avant 1985 : "les
gens étaient malheureux dans ces chambres d'hôpital. Ils
s'ennuyaient. Le personnel considérait comme une punition de
devoir s'occuper d'eux et limitait ses contacts aux soins. Enfin, les
familles avaient honte de devoir laisser leurs parents dans ces grandes
unités tristes."
Encore vrai ?
Face à ce défi, toute dérision anonyme, aussi
dévalorisante et stigmatisante soit-elle, tombera à plat. Dans
l'éditorial d'humeur qui appelle ma réponse, les
mots ne sont jamais trop forts : Cayenne, Alcatraz, Sing-Sing, goulag, etc.
Dormez en paix, braves gens, il existe encore des lieux de punition pour
ceux qui mouftent. Taisez-vous donc puisqu'on vous le dit, mieux on
vous l'écrit ! Mais qui donc serait au goulag ? Les soignants,
les familles, les bénévoles, ou bien les personnes
âgées ? Les vieillards sont encore trop souvent incompris,
enfermés dans leurs handicaps, voire redoutés et rejetés.
Les personnes âgées dépendantes mériteraient mieux
dans un pays civilisé et développé. Notre clientèle
exige davantage et nous devons sortir définitivement de la nuit de
l'hospice. Oui, les personnels ne sont pas assez nombreux, assez
formés et assez soutenus, pour faire face à l'afflux massif
des personnes âgées de plus en plus dépendantes. Oui,
"on bosse à deux quand il y a du boulot pour quinze" mais
il règne pourtant souvent une "ambiance de franche
camaraderie". Une camaraderie qui a permis aux salariés de se
faire reconnaître et respecter par la qualité de leur travail,
mais aussi en se syndiquant. Oui, nous avons besoin de transparence, de
concertation et de cohésion, soit en deux mots : démocratie
et efficacité. Ce que les familles ne peuvent plus assumer, les aides
à domicile, ou bien l'institution privée ou publique devront
le prendre en charge avec plus de compétence, d'humanité
et de moyens. Le service public, par son dynamisme et sa tradition, devrait
jouer un rôle de premier plan dans ce domaine.
Mais laisser entendre que la formation est inutile est de la bonne - excellente
- démagogie. chapeau l'illusionniste ! Soyons ignorants,
nous nous sentirons mieux ! Merci aussi pour tous les conseils concrets...
Que voulez-vous nous dire, cher historien néophyte ? "Prions pour
que cela change ou bien jouons au jocari". Pas de poésie, de
chanson ni surtout de philosophie appliquée , vu que c'est pas
vous qui êtes résident. C'est pas grave, vous êtes
heureusement trop jeune pour être concerné (e). Si vous avez
la chance de les avoir encore, ne soyez jamais obligé de placer à
votre tour vos parents dans une telle structure. Un conseil d'ami :
préférant la bille à la balle, vous devriez opter pour
le flipper et non pour le jocari. Au moins, au flipper, la boule ne peut
pas revenir dans des zones sensibles. Mais restons dans la réalité
: quand vous aurez fini de jouer, que ferons-nous, tous ensemble, sans
corporatisme, pour améliorer cette situation ?