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mise en ligne le 17 avril 2004

La colère de Léa, étudiante en Soins Infirmiers, avril 2004

Avertissement : Léa est le pseudonyme d’une étudiante française en soins infirmiers en dernière année de formation. Elle témoigne. Elle a gardé l'anonymat pour des raisons évidentes. Toutefois, je me porte garant de l'authenticité de ce texte.

Au mois d'octobre 2003, je suis allée effectuer un stage de cinq semaines dans une unité géronto-psychiatrique à quelques kilomètres de la ville.

Tout d'abord, l'établissement était lugubre et non fonctionnel : une seule douche pour trente-trois patients, seulement des chambres doubles, une salle de soins qui faisait aussi office de bureau de l'infirmière.

Le manque de personnel était évident. Ainsi, une après-midi, je suis restée seule dans l'unité avec les trente-trois patients, deux ASH (agents de service hospitaliers) et simplement sous couvert d'une infirmière d'un autre pavillon. Le cadre infirmier était elle aussi absente.

Par ailleurs, cet établissement est réparti sur deux étages, les chambres en haut et la grande salle à manger en bas. Les trente-trois patients faisaient leur sieste sur un fauteuil dans cette pièce car le personnel ne peut pas remonter les personnes dans leurs lits. C'est l'organisation du service. Personne ne veut lui déroger.

Le jour où je suis arrivée, la douche était en panne. Quand je suis partie, cinq semaines plus tard, la douche était toujours indisponible. Les résidents n'ont donc pas eu de douche pendant toute cette période. Seulement des toilettes au lavabo. Certaines aides-soignantes ou ASH installaient des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer devant une cuvette et leur disaient de se laver.

Par définition une telle personne ne sait plus se laver. Alors, quand les "soignante" revenaient et que la personne n'avait rien fait, elles la grondaient et la lavaient le plus rapidement possible sans aucune tendresse. Ainsi, elles ne semblaient pas comprendre le comportement de ces personnes âgées.

Souvent des soignantes violentaient verbalement des patients déments. Pourquoi ? Pour décharger leurs pulsions, leur mécontentement de travailler dans cet établissement avec ce genre de malades ?

Tout cela me semble irréel.

Pour moi, soignante dans sept mois, cela me fait beaucoup réfléchir sur le fait d’être soignant, donc sur mes futures pratiques.


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