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mise en ligne le 26 mai 2001

mise à jour de forme le 6 mai 2005

lettre anonyme

Avertissement de l'auteur de ce site : cette lettre anonyme a été écrite en 1999. Elle aurait été adressée et serait parvenue à la Direction de l’établissement. Nous la livrons pour ce qu'elle représente, comme un exemple de la souffrance des soignants en service de Soins de Longue Durée. Nous n'avons pas le désir de "fouiller dans les poubelles", mais d'exposer tout, clairement, sans complexe. Toutefois, les noms de personnes ont été volontairement changés par ceux de villes allemandes. La seule exception à cette règle concerne l'auteur de ce site, Bernard Pradines, cité en fin de texte. Les fautes d'orthographe ont été volontairement conservées. A ce jour, l'auteur de ce texte n'a pas été identifié. Les commentaires suivant la lettre ont été rédigés par un cadre de santé et un aide-soignant de deux institutions françaises différentes hébergeant des personnes âgées. J'ai volontairement changé le nom de ce dernier.


Madame l'IG, Monsieur,

Et si nous parlions du Long Séjour, ce service qui sert de dépotoir à l'Hôpital en ce qui concerne le personnel et de vache à lait pour le déficit des services de l'Hôpital. Un jour y aura-t-il un surveillant ou un chef de service capable de faire régner un peu l'ordre et éviter que certains employés soit obligés d'en venir aux mots parfois même aux gestes quant on laisse champ libre a certainnes personnes mal équilibrées psy_chologiquement il arrive que le résultat soit des arrêts de travail. EX : l'arrêt de travail de Mme Berlin du à une hausse de tension causee par l'agressivitee verbale de Mr Leipzig, aurrait pu être éviter ce n'est pas la première fois que c'est individu est agressif envers ses collegues. EX : conflit il y a quelques annes (avec Kassel) plus que verbal. Pourquoi ne le change-t-on pas de secteur, c'est son souhait, mais le surveillant refuse pour les autres congès maladis certains sont justifiés d'autres non. Secteur neuf Freiburg : justifié, Lützen : justifié, hernie discale, Hamburg : non justifié, se promène en ville et ailleurs avec la bonne hummeur et le sourire, Bordesholm (AS) : chute justifié ou non ? Secteur ancien Mme Köln : la soit disant représantante syndicale, son accident n'est pas forcement justifié, quant on sait comment elle manipule les malades et comment elle les (?) EX : le jour ou elle a bouscule Mme Dresden résidente encore valide qui est rentrée dans l'infirmerie au moment du flach de 12h45 et qui, ne supportant pas que cette personne s'introduise dans l'infirmerie l'a violament éjecté de cette pièce et lui a claqué la porte au nez devant témoins. Charmante personne qui sait très bien se sortir de toutes les situations qui à mantir au besoin qui sait très bien se servir des ASH comme boys et qui se dit fatiguée à la fin d'une journée de travail qu'elle a été obligé de faire à la place des autres. Chemnitz : la chouchou de Köln. On comprend que cette personne soit très fatiguée en permanence, après la vie mouvementée qu'elle a eu (sorties en boites de nuits, peu de sommeil, assumant mal son travail le matin. Heureusement que ses collègues ont toujours été l'a pour faire son job. La bringue n'a jamais arrangé la santé. Le cocktail vitamines-prosac-régime coupes-faim-dihurétiques, ne font pas forcément bon ménage. Elle n'attend qu'une chose être titulaire pour donner des arrêts maladis. En ce qui concernne les aides-soignants, jeunes sortis de l'école depuis peu comme München, qui est une personne à qui l'on devrait tout du moment qu'elle s'est payé sa formation et qui fait parti de ces gens qui voudraient être payés sans rien faire. En ce qui concerne le surveillant assez lymphatique dans son travail et qui aime bien se décharger sur le dos des autres. Peut-être un jour décidera t-il de quitter le service. Et Mr Pradinnes Bernard ne devrait-il pas mettre fin à tout ça, ou se contente-t-il de sa paye à la fin du mois et laisse le service se délabrer. A bientôt.


Commentaire de Pascale Dubreu, surveillante, le 25 avril 2001 :

Lorsque je lis cette lettre anonyme, j'ai le sentiment de revivre des situations vécues dans certains services où j'ai travaillé.

Des histoires comme celles-ci, j'en ai entendu assez souvent à l'époque où je travaillais comme formatrice. Je crois que, dans mon service, certains personnels auraient pu, il y a quelques temps, écrire des attitudes et un ressenti tout aussi douloureux. Peut être encore d'ailleurs.

Ainsi, nous parlons beaucoup de la souffrance des soignants. Cependant, je crois que beaucoup de personnes souffrent au travail, quelque soit le milieu professionnel et, semble-t-il, ce n'est pas nouveau. Il y a quelques jours, un résident qui se plaignait de l'attitude d'un soignant qu'il jugeait trop brutal, et tenant des propos selon lui indicibles, m'a dit ceci : "lorsque je travaillais chez Renault à Boulogne, la vie était plus douce, nous étions mieux respectés." Il est vrai que dans l'industrie il n'y a guère de répercussion sur le client. A la poste, chez Leclerc, à la mairie, on ne fait que passer. Ce n'est malheureusement pas le cas à l'hôpital où le malade subit.

Je me demande : et si cette lettre anonyme était le fait de plusieurs personnes ? D'une famille, d'un malade.

Combien de choses auraient à raconter nos résidents s'il pouvaient se permettre de parler ?

Je pense aussi à cette aide-soignante qui me disait alors qu'elle était très fatiguée : "Madame Dubreu, vous ne voyez rien ! Lorsque vous apparaissez, tous le monde fait bonne mine, il faut voir comment nous parlent certains de nos collègues. Pour les AS et les ASH, c'est comme de la merde, ne parlons pas des CES !"

Après avoir signé une pétition contre moi, plusieurs personnels sont venus me voir en douce pour me dire qu'ils avaient peur de Pierre ou Jacques, et qu'ils avaient été obligés de signer pour ne pas se voir devenir souffre-douleur. Et cette aide-soignante, excellente professionnelle qui m'a avoué avoir signé parce qu'elle était ignorée de ses collègues et surnommée la chouchoute de la surveillante. Depuis que j'ai signé, m'a-t-elle dit, c'est merveilleux. Je suis une référence, tout le monde me parle. Tous ces aveux étaient ponctués par un "mais surtout, Madame, promettez moi de garder cela pour vous !"


Commentaire de Monsieur Bremen, aide-soignant, le 30 avril 2001 :

Cette lettre est pleine de vérités, de fautes aussi, mais elles sont volontaires car beaucoup trop énormes. Quand certains personnels, soi-disant soignants, se permettent d'arriver saouls au travail et d'insulter les résidents ainsi que les autres soignants et qu'ils n'ont absolument aucune attache envers les résidents ! Il est difficile de résister bien longtemps a ces allusions du style : "faites dans votre couche, ha, il est plein de m-----! Il en a pas pour longtemps ! La prochaine fois, si vous êtes agressif, je vous laisse dans votre m----! On n'a pas le temps de vous mettre sur les toilettes" (personnes hémiplégiques par exemple ou ayant des difficultés de marche mais continentes). Une résidente qui se fait arracher les cheveux par une soignante énervée, une autre résidente qui demande avec quoi on la lave. On lui répond alors : "avec de la m----!" etc. Il est vrai que cette maltraitance est réalisée pratiquement toujours par les mêmes personnes qui n'ont tout simplement rien à faire en Soins de Longue Durée, qui viennent récupérer un salaire, point à la ligne. Et je précise que, même dans un autre service, ce serait la même chose car une personne qui ne respecte pas un être humain ne se respecte pas elle-même. Voilà ce que je pense et cela me fait beaucoup de bien de l'écrire. Je pense que cette lettre anonyme retrouvée est vraiment sincère et pleine de souffrance.


Ecrivez à l'auteur : pour Bernard Pradines